Les dirigeants de Canal+, propriétaire de Planète+, étaient auditionnés ce mardi par le Conseil supérieur de l'audiovisuel.


Drôle d'audition pour la chaîne de documentaires Planète+ ce mardi après-midi devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). La chaîne du groupe Canal+ était reçue par les neufs sages du CSA pour leur demander leur feu vert en vue de son transfert de la télévision numérique terrestre (TNT) payante vers la TNT gratuite. LCI (groupe TF1) et Paris Première (groupe M6) réclament, elles aussi, le même traitement.

Mais la candidature de Planète+ est très particulière. En effet, LCI et Paris Première ont expliqué au CSA qu’elles n’ont plus de viabilité en tant que chaînes payantes et qu’il faut qu’elles passent en clair, sinon elles mettront la clef sous la porte. Alors que pour Planète+, c’est une toute autre histoire. La chaîne veut rester payante... sauf si Paris Première et LCI sont acceptées en gratuit ! Car ces trois chaînes sont sur la TNT payante et si deux en sortaient, la TNT payante serait très fragilisée. Canal+, qui commercialise le « mini pack » de chaînes payantes sur la TNT, l’arrêterait alors. Ce qui signerait l'arrêt de mort de la TNT payante.
Canal+ veut renforcer la TNT payante

«  Canal+ soutient la TNT payante. Mais si vous décidiez d’une réduction périmètre, cela ne peut qu’affaiblir son attractivité et Canal+ n’aura alors pas d’autre choix que de solliciter le passage en gratuit de Planète », a ainsi plaidé Bertrand Meheut, président de Canal+. Pour convaincre son auditoire qu’il tient réellement à la TNT payante, pourtant désertée par plusieurs chaînes de télévision, ce dernier a expliqué qu’il avait prévu un budget de 15 millions d'euros pour lancer un nouveau décodeur qui fournirait de nouveaux services comme la télévision de rattrapage, et qui renforcerait ainsi la TNT payante.
«  L’économie de la TNT payante n’est certes pas flamboyante mais elle est équilibrée avec un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros et un nombre d’abonnés autour 400.000 qui est à peu près stable, a renchéri Rodolphe Belmer, numéro deux de Canal+. « Si on enlève une des chaînes -Eurosport, LCI, Paris Première-, l’ensemble du dispositif s’effondre ».
Le documentaire ne se cannibalise pas

Planète+ lie donc son sort à celui de Paris Première et LCI et préfère se voir sur la TNT gratuite si les deux autres doivent y migrer aussi. D’ailleurs, d’après ses dirigeants, Planète+ ne pèserait que très peu sur le marché publicitaire (1 % soit un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros, disent-ils) si elle devenait gratuite. Donc elle ne déstabiliserait pas les autres chaînes gratuites. Ensuite, elle a un positionnement qui ne ferait pas de concurrence aux autres chaînes de la TNT gratuite, ont-ils ajouté. Même pas à RMC Découverte, pourtant elle aussi spécialisée sur les documentaires. Car RMC Découverte est beaucoup plus dans « le sensationnalisme », selon Canal+.
«  La consommation de documentaires augmente avec l‘offre de documentaires, a même expliqué Bertrand Meheut. Ce qui n’est pas vrai sur l’information, par exemple, qui reste stable et cannibalise les autres, quel que soit le nombre de chaînes ». Un tacle pour LCI en gratuit. Logique, Canal+ est aussi propriétaire de i-Télé , qui est sur la TNT gratuite, et n’a donc aucun intérêt à ce que LCI, sa concurrente, vienne jouer sur son terrain de jeu...
Le patron de Canal+ tacle TF1 et M6

Ne nous obligez donc pas à passer Planète+ en gratuit en validant les demandes de Paris Première et LCI, ont ainsi semblé dire les dirigeants de Canal+ au CSA ! D’ailleurs, selon eux, mettre plus de chaînes gratuites en France fragiliserait la TNT payante, mais aussi la TNT gratuite, car le marché publicitaire ne supporterait pas de nouvelles chaînes... D’ici à ce que la candidature de Planète soit destinée à démolir celle de LCI et Paris Première sur la TNT gratuite, il n’y a qu’un pas.
En effet, deux chaînes gratuites de plus sur la TNT, cela fait plus de concurrence pour D8, D17, et i-Télé, trois chaînes du groupe Canal+. Bertrand Meheut ne s’est d’ailleurs pas gêné pour dire tout le mal qu’il pense de l’attitude de TF1 et M6. « Les demandes de passage en clair de LCI et Paris Première relèvent d’une stratégie pour fragmenter encore plus le marché et renforcer leur accès au marché publicitaire en tant que leaders », a-t-il lâché. Rien à voir avec leur survie, selon lui. La balle est désormais dans le camp du CSA qui doit décider cet été qui passe en gratuit, ou pas.







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