COMMUNIQUÉ SUITE À L’ADOPTION PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE LA LOI RELATIVE AU RENSEIGNEMENT


Ce mercredi 24 juin 2015 est un jour sombre pour les défenseurs de la Liberté en France. L’Assemblée Nationale a adopté la loi relative au Renseignement. Cette loi est le texte législatif le plus attentatoire aux libertés individuelles qui aura cours dans les démocraties occidentales après le fameux Patriot Act, de triste mémoire. Il transforme chaque citoyen en suspect à priori pour les services de police et de renseignement. Il permet, sous prétexte de sécurité publique et de lutte contre le terrorisme, l’intrusion de l’État dans la vie privée de chacun.

Malheur à ceux de nos citoyens qui feront des choix jugés contraires à la « sécurité publique » ils seront alors tout à fait légalement espionnés, géolocalisés, écoutés. Leur vie privée sera scrutée dans le moindre détail de même que ceux qui auront le malheur d’être en contact avec eux.

Les notions très vagues d’Ordre Public et de Sécurité Publique permettent une très grande liberté d’interprétation des services de l’État. Vous n’êtes pas d’accord avec la politique fiscale du gouvernement français et vous exprimez le souhait de manifester contre ? Vous pouvez alors être considéré comme un danger pour l’Ordre Public et devenir ainsi victime de cette loi…. Sans le savoir bien évidement !
Que dire alors si vous avez le malheur d’être un musulman pratiquant ! La mosquée que vous fréquentez a probablement, un jour, vu le passage d’un pauvre hère fiché comme « terroriste potentiel » ce qui fait de vous un éventuel complice…. Surtout si vous exprimez des réserves sur la gestion du dossier de l’islam par l’État français. Vous intégrerez alors le fichier des personnes recherchées, sans bruit, sans vous en rendre compte, sauf lorsque vous voudrez passer une frontière et que votre fiche sera scrutée et complétée pendant de nombreuses minutes.

Les musulmans de France vivent ainsi un paradoxe sans cesse renouvelé : on leur reproche d’être trop visibles, de porter des vêtements qui les distinguent, d’être ainsi ostensiblement provocants. Ils ont l’impression que tout est fait pour empêcher la visibilité de leur pratique religieuse. D’un autre côté, on les fiche et on les recense en fonction de leur fréquentation de mosquées, de leur appartenance supposée ou réelle à des associations communautaires ayant pignon sur rue. Parfois même, à l’occasion d’une procédure de naturalisation par exemple, on le leur reproche.
La visibilité de la pratique religieuse à laquelle nous aspirons ne devrait-elle pas être constitutive d’une plus grande liberté et donc d’un fichage moindre ?

Cette loi structurera, in fine, la supervision policière de notre société, elle restreindra, entre autres, les libertés de conscience, de religion, d’opinion et d’expression à des portions congrues variant au gré de l’arbitraire de l’État.

Ses promoteurs nous jurent la main sur le cœur, qu’il n’est pas question de fichage de masse, que les surveillances policières seront soumises au contrôle d’un organisme de supervision. Les musulmans de France se souviennent de la facilité de pervertir ce genre d’organisme de supervision : ce fut le cas à l’occasion de la nomination de Janet BOUGHRAB en tant que Présidente de la HALDE : ouvertement hostile à la pratique de l’islam, elle fit enterrer, contre l’avis des fonctionnaires de l’Institution, tous les nombreux dossiers concernant l’atteinte aux libertés de femmes portant un foulard….

Le Comité 15 Mars et Libertés exprime son refus de cette loi, et s’inquiète de l’usage qui sera fait un jour ou l’autre de ces millions de fiches concernant notre intimité la plus profonde ? Imaginons l’utilisation que pourraient en faire une majorité politique considérée aujourd’hui comme extrême. Le précédent du Fichier Juif d’André TULARD n’a-t-il donc rien appris à l’État français ?

Comité 15 Mars et Libertés
Paris 24 juin 2015

http://www.15mars-libertes.com/?p=544